"Un politicien doit s'exposer à la critique"


28.02.2005 Membre de la Direction régionale du Credit Suisse à Neuchâtel, Roland Debély se présente au Conseil d'Etat Neuchâtelois au nom du parti radical démocratique.


Conseiller d'État, est-ce encore un poste qui fait rêver le citoyen que vous êtes?

Il est vrai que les difficultés dans lesquelles se trouvent les collectivités publiques ne suscitent pas forcément les vocations. D'autant plus que les postes sont très exposés à la critique publique! Je prends cette opportunité comme un défi en soulignant que je m'engage pour défendre l'avenir de mon canton et pour servir mon parti.


Pourquoi cet engagement, quelles sont vos motivations?

Pour 3 raisons principales. Par amour et pour l'attachement que je porte aux neuchâteloises et neuchâtelois ainsi qu'à tous les résidents de cette magnifique région. Par ambition, pour que le canton de Neuchâtel offre et garantisse des perspectives d'avenir à ses habitants. Par espérance, pour que la sagesse et les valeurs du centre - droite l'emportent aux prochaines élections.


Vous avez été Président du Gd Conseil Neuchâtelois en 2001-2002. Quels constats en avez-vous tirés?

Le président du Grand Conseil bénéficie plus d'honneurs que de réels pouvoirs. Durant une année, il est chargé de veiller au bon fonctionnement du Parlement et il représente les Autorités au sein de la société civile. C'est une fonction qui donne l'occasion de découvrir son canton et ses habitants sous une autre facette. Il permet de mettre un pied dans les coulisses des principaux domaines qui constituent notre vie.


Vous représentez les milieux bourgeois dans un canton où la sensibilité de gauche est grandissante, n'est-ce pas frustrant de devoir lutter à contre-courant?

C'est difficile parce que le centre-droite est dans une dynamique d'échecs électoraux. Les villes de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Le Locle ont déjà des autorités politiques à majorité de gauche. L'esprit est à la défense des acquis et à l'extension de l'état providence alors que les finances publiques ne sont pas au mieux de leur forme. Le discours de la droite n'est donc pas "attractif" et la question du financement des prestations n'est pas très mobilisateur. Je vais malgré tout défendre mes convictions à savoir qu'il est nécessaire de créer des richesses avant de les distribuer et qu'il n'est pas responsable qu'un canton vive à crédit en permanence.


27 candidats se présentent au Conseil d'État. La bataille sera rude, il y aura des perdants. L'échec fait-il partie de votre "stratégie" de combat?

Lorsque l'on s'engage, on part pour gagner. Le bilan des dernières législatures n'est pas positif pour les partis qui avaient la majorité, les partis libéral et radical. Dès lors, la gauche dite plurielle a mis dans la campagne électorale les hommes et les moyens pour renverser la majorité. D'autre part, l'UDC fait son entrée dans une élection cantonale et compte derrière elle plusieurs succès obtenus lors des dernières élections communales. Dès lors, je garde les pieds sur terre et en cas d'échec, je devrais m'en remettre sans trop de séquelles. Place alors à un engagement total pour notre banque, libéré de toute contrainte électorale.


Est-ce qu'un engagement politique aujourd'hui ne se fait pas au détriment d'une carrière professionnelle?

L'engagement politique est enrichissant, il est aussi formateur. Tout d'abord mon horizon personnel et mon ouverture au monde se sont enrichis puisque le politique est amené à s'occuper d'un très grand nombre de domaines. D'autre part, j'ai appris à défendre des idées, à négocier. J'ai découvert les joies collectives du succès et la déception lors d'échecs. C'est une bonne école de vie. Politique et carrière professionnelle représentent plutôt un effet de synergie, mais c'est une question d'équilibre et il faut veiller à ce que l'énergie qui est consacrée à l'un ne se fasse pas au détriment de l'autre. Mais il n'y a pas de miracle, il faut faire des sacrifices et avoir le soutien de sa famille et de son employeur.



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Interview de Roland Debély publiée dans "Public Affairs Newsletter" de Credit Suisse