"Dialogue avec Roland Debély"


Une priorité: assainir les finances de l'Etat et réduire la dette !


Pourquoi cet objectif ?

En tout cas pas pour des raisons théoriques, idéologiques ou polémiques. Mais tout simplement parce que continuer à creuser le trou de nos finances, c'est peindre notre avenir de couleurs sombres, car un jour il faudra bien la payer, la facture.


La situation est-elle si grave ?

La dette cantonale que nous avons accumulée en quelques années dépasse 1,8 milliard de francs, soit près de 11000 francs par habitant, ce qui nous place au 4ème rang des cantons les plus endettés. Et cette tendance ne s'inverse pas ! Preuve en est le déficit record enregistré en 2004 qui suffit à démontrer l'impasse dans laquelle nous nous trouvons.


Quel est le prix à payer de cet endettement ?

D'une certaine manière, nous avons de la chance dans notre malheur puisque les taux bancaires sont actuellement très bas. Nous avons tout de même dû payer plus de 62 millions de francs d'intérêts en 2004. Une somme non négligeable qu'on pourrait utiliser de manière plus utile. Une facture qui, de surcroît, sera beaucoup plus élevée lorsque les taux auront repris l'ascenseur…


Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

Contrairement à ce que certains ont tendance à nous faire croire, rien n'est simple en politique et les raisons de la dégradation de nos finances sont multiples. Il n'est pas possible de poser un diagnostique détaillé et complet sur cette inquiétante situation.  Pour aller à l'essentiel, on dira tout de même que l'Etat et ceux qui le conduisent, Conseil d'Etat et Grand Conseil, n'ont pas su adapter, ces quinze dernières années, leurs dépenses à leurs recettes.  La progression de ces dernières a ralenti au début des années 90, du fait d'une certaine morosité de l'économie et de la disparition de l'inflation qui procurait jusqu'alors à l'Etat  un surcroît de recettes fiscales grâce au mécanisme de la progression à froid  qui pénalisait les contribuables.


Or, les dépenses nécessaires au ménage de l'Etat ont continué à croître sur la lancée antérieure, d'où la spirale des déficits dont on n'arrive pas à sortir.


Où sont les responsabilités ?

Les responsables sont d'abord bien évidemment ceux qui ont eu la charge de notre Etat, qu'ils aient mal évalué le caractère structurel du déficit public ou qu'ils n'aient pas eu le courage de prendre les mesures qui s'imposaient, à l'image d'autres cantons, pour redresser la situation.


Sont également responsables vous et moi, simples citoyens et citoyennes qui avons tendance à pousser de grands cris dès que la moindre prestation de l'Etat est remise en question. Par définition, lorsque des économies sont proposées, ce n'est jamais à la bonne place ou au bon moment.


Comment agir aujourd'hui ? En augmentant les impôts, en les baissant ?

Non ! Ma réponse est sans équivoque. Les impôts neuchâtelois sont déjà parmi les plus lourds de Suisse et pénalisent durement les moyens et hauts revenus. Il est exclu de les augmenter encore comme le suggère une partie de la gauche.


Pour autant, dans la situation actuelle, je ne vois pas non plus comment il serait possible à la fois de baisser ces derniers et d'assainir les finances. Diminuer les recettes ne conduirait dans l'immédiat qu'à creuser un trou déjà béant. Donc, je dis non à une baisse d'impôts tant que les conditions et les bases conduisant à l'équilibre budgétaire ne seront pas réformées; ces réformes doivent être entreprises au cours de la prochaine législature.  Cela ne m'empêche pas de penser qu'à moyen terme il faudra tout faire pour diminuer une pression fiscale beaucoup trop lourde dans ce canton. C'et un objectif stratégique essentiel pour le développement  économique de ce canton.


Comment devrait-on s'y prendre pour assainir les finances de l'Etat ?

Il n'existe pas de recettes miracles. Affirmer le contraire serait jeter de la poudre aux yeux de la population. Mais il faut d'abord avoir la volonté d'opérer cet assainissement. Et cette volonté je l'ai. Si je suis élu, je compte l'exprimer sans relâche au sein du Conseil d'Etat. Mais la volonté ne suffit pas. Elle doit se conjuguer avec une méthode de travail. Il faut notamment commencer par analyser les causes du mal et l'ensemble des prestations de l'Etat sans pour autant réinventer la roue. D'autres cantons, dont notre voisin bernois, ont procédé à cette analyse avec un succès dont nous pourrions nous inspirer.

 

Mon objectif n'est naturellement pas de démanteler l'Etat. Politiquement, socialement, humainement, ce ne serait pas admissible.


Alors, que faire ?


Partout où cela est possible, il faut s'efforcer de faire la même chose ou encore mieux à meilleur prix  en étant plus performant. Mais cela ne suffira pas. On devra aussi non pas forcément supprimer des prestations qui ont sans doute une base légale et une justification mais diminuer le standard de ces dernières qui est particulièrement haut dans un pays où le perfectionnisme est roi.


En résumé, il faudra se serrer la ceinture, tout en gardant à l'esprit les notions de solidarité et de justice sociale auxquelles nous sommes tous attachés dans ce canton. Une cure d'amaigrissement est toujours désagréable certes, mais nous y sommes condamnés. Alors, elle doit se faire dans un esprit d'équité. C'est à ce prix que l'on évitera des mouvements sociaux provoqués par les conservateurs d'extrême gauche.


Doit-on bloquer toute forme d'investissement ?


Pas forcément! Le canton ne peut pas se réfugier dans l'immobilisme. Mais dans ce domaine aussi, des choix, parfois douloureux, devront être faits, des priorités devront sérieusement être établies. Je m'interroge à ce propos sur les projets de nouvelles liaisons ferroviaires entre le Haut et le Bas. Si cela peut paraître tentant de gagner 10 à15 minutes sur le trajet actuel,ces minutes valent-elles pour autant un demi milliard de francs ? Et ce demi milliard, qui le paiera?


Pour l'heure, et vu l'état de nos finances, il est exclu que ce soit le canton. Pour autant, je ne m'oppose pas à ce qu'on réalise une étude financière approfondie en s'assurant également qu'il y ait adéquation entre les investissements, les coûts d'exploitation et le potentiel des utilisateurs. Il faudra donc examiner ces projets sous l'angle des besoins et des moyens. Il faut être visionnaire, mais ne pas perdre de vue l'impact financier !


Et l'or de la Banque nationale?


Encore une fois, je le répète: priorité à l'assainissement de nos finances, à la réduction de notre dette. C'est donc à cet objectif que doit servir cet argent dans sa totalité quand nous le recevrons.



     Retour

Positions sur les finances publiques et la fiscalité